J’éprouve un réel plaisir à diriger les gens dans la prière en tant qu’imam, mais je suis troublé par un sentiment d’ostentation qui m’envahit parfois. J’ai du mal à déterminer si mon acte est animé par une intention sincère, tournée vers Allah, ou s’il est entaché d’un désir égotique. Je m’efforce de renouveler continuellement mon intention, en me rappelant que je connais mieux les règles de la prière que d’autres, et que cela justifie que je prenne l’initiative de diriger, plutôt qu’un frère moins compétent.
Il m’arrive que les fidèles me proposent spontanément d’être imam, notamment en raison de mon apparence (ma barbe), sans même que je me manifeste. Cependant, je me surprends parfois à me hâter vers la mosquée ou à y venir plus tôt, dans l’espoir qu’on me propose l’imamat. Cela devient pesant pour moi au point de songer à refuser systématiquement de diriger, même si l’occasion se présente, par crainte de céder aux suggestions du diable et afin de préserver ma sincérité envers Allah. Je suis perdu : s’agit-il réellement d’ostentation, ou bien est-ce une simple illusion ? Qu’Allah vous récompense pour votre éclairage.
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Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Il n’y a aucun mal, bien au contraire, à ce que tu prennes l’initiative de diriger la prière si tu possèdes une meilleure connaissance de ses règles. La Sunna recommande en effet de confier la direction de la prière à celui qui réunit les meilleures qualités en la matière. Le Prophète () a dit :
« Que dirige la prière celui qui connaît le mieux le Livre d’Allah. S’ils sont égaux en récitation, alors celui qui connaît le mieux la Sunna. S’ils sont égaux en cela, alors le plus ancien en émigration. Et s’ils sont égaux en émigration, alors le plus âgé. » (Rapporté par Muslim)
Anas ibn Mâlik (qu’Allah l’agrée) disait dans les deux Sahîh :
« Je m’efforce de prier avec vous comme j’ai vu le Prophète () prier avec nous. »
Par ailleurs, certains Compagnons ont eux-mêmes exprimé le désir d’être désignés imams, comme ‘Uthmân ibn Abî al-‘Âs (qu’Allah l’agrée), qui a dit :
« Ô Messager d’Allah, désigne-moi comme imam de mon peuple. » Il répondit : « Tu es leur imam. Sois attentif au plus faible d’entre eux et choisis un muezzin qui ne demande pas de rémunération pour l’appel à la prière. » (Rapporté par Ahmad et authentifié par Al-Albânî)
Quant à la crainte de l’ostentation (riyâ’), il convient de l’accueillir avec sérieux, tout en ne se laissant pas paralyser par elle. Le remède consiste à lutter contre ton âme (mujâhadat an-nafs), à purifier continuellement ton intention et à invoquer fréquemment Allah pour qu’Il t’accorde la sincérité (ikhlâs). Cette vigilance spirituelle est louable et fait partie du combat intérieur du croyant.
Et Allah sait mieux.