Ingénieure et mariée à un ingénieur depuis quinze ans, je suis mère de quatre enfants – qu’Allah les bénisse. J’ai soutenu mon mari dans de nombreuses épreuves et travaillé comme enseignante dans l’école de nos enfants afin de contribuer aux dépenses et de bénéficier d’une réduction sur les frais de scolarité. J’ai même vendu mes bijoux en or pour nous permettre d’acquérir une maison plus grande, plus adaptée à notre famille, sur la promesse de mon mari de me restituer cet or ultérieurement.
Après une amélioration de notre situation financière, grâce à Allah, son comportement a soudainement changé. Il a fait la connaissance d’une collègue de travail de dix ans son aînée, une femme divorcée et mère d’enfants. Leur relation s’est développée progressivement, jusqu’à ce que je découvre, trois mois plus tard, qu’elle était devenue sa femme. C’est elle-même qui me l’a annoncé, sans que j’en aie été informée au préalable.
Malgré cette situation, je n’ai pas demandé le divorce, par égard pour mes enfants, et j’ai décidé de supporter cette épreuve comme une volonté d’Allah.
Ai-je le droit de réclamer la restitution de mon or, que j’ai vendu au profit de la famille ? Puis-je demander une compensation financière pour toutes ces années passées à enseigner afin de soutenir financièrement notre foyer ? Est-il juste qu’il parte en voyage touristique avec sa seconde épouse alors qu’il n’a jamais voyagé avec moi depuis notre mariage ? Cela me cause une profonde tristesse, et bien que je lui en aie parlé, il ne semble pas comprendre ma peine. Désormais, il se plaint constamment des dépenses du foyer et de nos enfants, comme si j’en étais responsable, ce qui me donne un fort sentiment d’injustice.
Que dois-je faire face à une telle situation ? La tristesse, la douleur et le sentiment d’injustice que je ressens ont-ils une quelconque considération dans le droit islamique ?

Louange à Allah, et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

Nous vous remercions pour votre soutien constant envers votre mari dans les moments difficiles et pour votre aide précieuse, ce qui témoigne de la noblesse de votre caractère, de la qualité de votre vie conjugale passée et de la maturité de votre esprit. Qu’Allah vous récompense abondamment pour cela.
Le mariage d’un homme avec une seconde épouse est autorisé par la loi islamique, à condition qu’il fasse preuve d’équité entre ses épouses, comme Allah – Exalté soit-Il – l’a déclaré : « Épousez, parmi les femmes qui vous plaisent, deux, trois ou quatre. Mais si vous craignez de n’être pas équitables, alors une seule… » (Coran 4/3). La législation n’a pas fait de l’information de la première épouse une condition de validité du mariage, mais il est préférable de l’en informer afin d’éviter qu’elle ne soit blessée par cette nouvelle.
Étant donné que ce mariage a eu lieu, il relève de la sagesse et de la pleine maturité de l’épouse de s’efforcer de préserver sa famille et de rechercher tout ce qui peut contribuer à sa stabilité. Cela permettra à vos enfants de grandir dans un environnement sain, ce qui aura un impact positif sur leur éducation et fera d’eux une source de joie pour vous dans ce monde et dans l’au-delà.
Concernant votre or, ou sa valeur monétaire, vous n’avez pas précisé si votre époux l’a reçu à titre de prêt ou de participation à l’achat de la maison. Quoi qu’il en soit, si vous le lui avez donné sous forme de prêt, vous êtes en droit de le réclamer, et il a l’obligation de vous le rembourser, comme pour toute dette. Nous vous conseillons cependant de privilégier la concertation et un accord mutuel dans ce type de situation.
Vous n’avez pas le droit de réclamer une compensation financière pour la réduction des frais de scolarité de vos enfants en raison de votre emploi d’enseignante dans leur école.
De plus, il n’est pas permis au mari de voyager avec l’une de ses épouses sans procéder à un tirage au sort ou sans obtenir le consentement de l’autre, selon l’avis que nous considérons comme le plus juste. S’il voyage avec l’une sans tirage au sort ni consentement de l’autre, il commet un péché et doit accorder à l’épouse lésée un voyage compensatoire.
L’entretien de l’épouse et des enfants en bas âge qui n’ont pas de ressources est une obligation pour le mari, dans la mesure du nécessaire et selon ses capacités financières, comme Allah – Exalté soit-Il – le dit : « Que celui qui est aisé dépense de sa fortune, et que celui dont les ressources sont limitées dépense selon ce qu’Allah lui a accordé. Allah n’impose à aucune âme que ce qu’Il lui a donné. Allah accordera après la difficulté une facilité. » (Coran 65/7). Il n’est pas convenable que le mari se plaigne de ces dépenses ou manifeste de l’agacement, surtout devant son épouse et ses enfants, car cela pourrait leur causer du tort et les décourager.
Nous vous conseillons donc de privilégier la compréhension mutuelle, le dialogue ouvert et constructif, et de veiller à tout ce qui préserve la structure familiale et ferme les portes à la discorde, aux querelles et à la séparation, que le diable s’efforce d’ouvrir.

Et Allah sait mieux.